Par Claudia Torrisi
Lorsque j’ai rejoint Europod en janvier 2024, j’avais derrière moi dix années d’expérience en tant que journaliste, dont la majeure partie en freelance, à couvrir des questions sociales et de genre. J’avais passé des années à enquêter sur les droits reproductifs et à documenter l’impact des politiques d’extrême droite sur les femmes et les minorités. Mais travailler dans le podcasting chez Europod m’a appris quelque chose de nouveau.
Le podcast, probablement plus que tout autre média, a le pouvoir d’offrir une plateforme où des voix diverses peuvent être entendues et amplifiées. Au cours de l’année écoulée, j’ai eu le privilège de contribuer à mettre ces voix en avant, notamment grâce à Europe Talks Back, un podcast d’Europod qui met en lumière les histoires importantes à travers l’Europe, produite en partenariat avec Sphera Network.
Au-delà des discours dominants
Pendant mon travail sur Europe Talks Back, j’ai produit des épisodes abordant des sujets complexes tels que les droits numériques dans l’Union européenne, la gentrification, le racisme et les violences de genre en ligne. Ce qui rend ce travail si significatif, c’est notre choix de donner la priorité aux perspectives des communautés marginalisées.
Avec l’animatrice, nous nous sommes efforcées de garantir que les invités que nous interviewions représentaient un large éventail de voix – souvent exclues des discussions dominantes.
Un épisode qui m’a particulièrement marquée s’intitulait “Western Feminism Has a Whiteness Problem” (Le féminisme occidental a un problème de blanchité). Il faisait intervenir l’activiste et journaliste française Rokhaya Diallo, qui a exprimé avec force la manière dont le féminisme dominant ignore souvent les réalités à l’intersection de la race et de la classe.
Elle expliquait que le féminisme blanc dominant suppose que toutes les femmes subissent le sexisme de la même manière – ce qui est faux. Il ignore la race, la classe, et d’autres facteurs. Il ne remet pas en question les structures de pouvoir, représentant principalement les préoccupations des femmes les plus privilégiées d’Europe.
Je pense à ces femmes blanches et issues de la classe moyenne qui ont réussi à accomplir des choses importantes ou à accéder à des positions de pouvoir en disant qu’elles ont « brisé le plafond de verre ». Mais à quoi bon le briser, si ce sont les autres qui ramassent les morceaux ?
En tant que femme cisgenre européenne blanche, j’ai réalisé que j’étais la première à devoir écouter ces voix. Et cela m’a rappelé à quel point le podcast est un outil puissant pour le changement.
Donner du pouvoir aux voix oubliées
Ce que j’ai appris à apprécier dans le podcasting, c’est son intimité. Contrairement à d’autres formes de médias, les podcasts ne se contentent pas de transmettre de l’information – ils vous invitent dans une histoire. Vous n’écoutez pas seulement l’expérience de quelqu’un : vous entrez dans son univers, vous ressentez ses émotions, ses luttes, ses perspectives.
Ce format est particulièrement puissant pour aborder les sujets complexes et nuancés que nous couvrons habituellement chez Europod. Justice sociale, démocratie, droits humains – ce ne sont pas des questions que l’on peut résumer en quelques phrases. Elles nécessitent de la profondeur, de l’empathie, et de l’espace pour que différentes voix puissent s’exprimer.
Mais ce n’est pas seulement une question de contenu. Il s’agit aussi de qui parle. À qui tendons-nous le micro ? Les histoires de quelles personnes choisissons-nous d’amplifier ? Car la plateforme que nous créons à travers un podcast doit être aussi inclusive que les récits que nous racontons.
L’importance d’écouter
Le podcasting est un média qui exige une écoute active. Et dans un monde où les voix marginalisées sont si souvent étouffées, les faire entendre devient plus important que jamais. Mon objectif est qu’à travers nos podcasts, nous ne créions pas seulement du contenu, mais des connexions, de la compréhension et un espace pour les récits qui méritent d’être racontés.
Après tout, c’est l’essence même de la devise d’Europod : “Filtrez le bruit, commencez à écouter !)